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Gamsenried, une décharge sous haute surveillance

Gamsenried figure parmi les plus grands sites pollués du pays. Pendant plusieurs années et jusqu’en 1978, l’industriel de la chimie Lonza déverse dans cette décharge située entre Viège et Brig plusieurs tonnes de déchets, dont certains polluants comme le mercure. Aujourd’hui, on y découvre un nouveau produit toxique peu connu: la benzidine.

«La benzidine, nous l’avons clairement trouvé sur notre décharge. Donc il faut partir du fait que la benzidine qui se trouve dans les eaux souterraines à l’aval de la décharge provient effectivement de la décharge…»
Rémi Luttenbacher, responsable environnement, Lonza

Problème, le produit se retrouve dans les eaux souterraines et s’infiltre dans une zone de plusieurs kilomètres autour de la décharge… notamment jusque sur la rive droite du Rhône.

«Nous avons obtenu l’information de deux puits d’irrigation localisés à l’intérieur et au milieu de la zone impactée. Ce n’est pas de l’eau qui a été utilisée pour abreuver le bétail c’est de l’eau qui servait à irriguer. En principe la benzidine, qui se présente en nanogramme par litre, devrait s’être dégradée et ne devrait pas se retrouver dans les produits de consommation.»
Yves Degoumois, responsable des sites pollués, service cantonal de l’environnement

La benzidine, produit hautement cancérogène est pour l’heure localisée et confinée dans les environs de la décharge. C’est 100 kilomètres plus loin, sur le site chimique de Monthey, que sont analysés en ce moment-même les échantillons de l’eau provenant de cette zone.

«Pour la benzidine il faut savoir qu’il y a beaucoup de phases et d’échantillons qui doivent être répétés pour aboutir à une mesure qui est fiable, précise. Il doit y avoir un ajout dosé de benzidine dans chacun de ces échantillons pour pouvoir en déduire la concentration exacte.»
Sébastien Meylan, responsable environnement, compagnie industrielle de monthey (CIMO)

A certains endroits, les premières analyses démontrent une concentration en benzidine 300 fois supérieur à la norme. Le service de l’environnement a décrété l’interdiction des deux puits contaminés. Mais qu’adviendra-t-il lorsque la 3e correction du Rhône passera par là?

«Avec les responsables de la troisième correction du Rhône, il est évident que des travaux à ce niveau-là peuvent avoir une influence chez nous et c’est bien pour ça que nous nous coordonnons, que nous échangeons des informations pour être sûrs que chaque équipe sait exactement ce que fait l’autre.»
Rémi Luttenbacher, responsable environnement, Lonza

L’ouverture de portions entière de terrain dans le lit du Rhône à cet endroit précis est si délicat que même le canton n’a pas encore de solution pour ce problème.

«Ce problème est sur la table. Il est nécessaire qu’on discute entre la Lonza, l’office de construction du Rhône et le service de l’environnement et ces discussions vont se poursuivre. Aujourd’hui il n’y a pas de solution sur la table mais c’est beaucoup d’interrogations.»
Yves Degoumois, responsable des sites pollués, service cantonal de l’environnement

Pour faire face à cette contamination, la Lonza a mis en place une mesure d’urgence pour renforcer la barrière hydraulique qui protège les eaux souterraines de la décharge. D’autres autres mesures de protection devraient être mise en place avec autorisation du canton début 2020.

Hugo Cousino

Hugo Cousino

Journaliste RP